Page:Fiel - Trop belle, 1926.djvu/73

Cette page a été validée par deux contributeurs.

même, et non seulement pour ma beauté qu’un mari voudrait exhiber !

— Je t’approuve. Je rêvais pour toi un mari dans le genre de Saint-Wiff, mais tu peux prétendre à aussi bien.

— Saint-Wiff ! je l’ai refusé.

— Quoi ! il t’a demandée ? balbutia Madame Foubry, bouleversée par cet aveu.

— Oui, jeta sourdement Sylviane, prête à pleurer maintenant, ayant épuisé sa force nerveuse.

— Raconte-moi cela, ma chérie.

Madame Foubry poussa Sylviane dans un fauteuil et la jeune fille lui narra dans quelles conditions, elle avait cru de sa dignité stricte de refuser Luc.

La mère recueillait attentivement ces paroles entremêlées de sanglots. Elle dit enfin :

— Tu as eu raison, ma chérie, il s’est méfié de toi, si tu l’avais accepté, il eût peut-être été heureux d’abord, mais plus tard, il aurait pu croire que sa fortune seule t’avait tentée. Je suis heureuse de te savoir aussi forte dans ta fierté.

— Hélas ! soupira Sylviane, tu vois, maman, que je ne suis guère énergique. M. Saint-Wiff m’avait tant plu avant cette comédie.

— Et maintenant ? questionna la mère, à voix basse.

— Maintenant encore, maman.

— Cependant, tu ne peux plus l’épouser ?

— Non.

Le colonel Foubry entra.

— Allons, hâtez-vous, le dîner est sonné. Tu pleures, Sylviane ?

— Embrasse ta fille, mon ami, elle est digne de toi.

En mots brefs, le colonel fut au courant :

— Ce qui me surprend dans tout cela, murmura-t-il, ému par cette nouvelle, c’est que Madame Bullot se soit prêtée à cette plaisanterie.