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— Nos promeneurs ont dû griller sur les routes.

Sylviane ne sut que dire.

Madame Bullot reprit :

— Ils rentreront tard sans doute.

— Ils sont rentrés, murmura sourdement Sylviane, je les ai vus. Annette paraissait bien animée, bien joyeuse, on la sentait rayonnante. Était-ce parce que Monsieur Saint-Wiff était près d’elle.

Sylviane prononçait ces choses comme si elle les pensait tout haut. Elle ne regardait pas sa vieille amie, elle baissait le front vers ses genoux où reposaient ses mains croisées.

Madame Bullot l’examina et eut un sourire intérieur : « Elle se repent, songea-t-elle, tout va bien ; quand Luc se risquera de nouveau, elle ne sera plus aussi cruelle, son malaise prouve qu’elle tient à mon neveu, mais c’est beau de sa part de ne pas céder ; la richesse ne la fait pas ramper. »

— Ma mignonne, je ne puis pas vous renseigner, nous saurons cela.

La pâleur de Sylviane s’accentua en entendant que Madame Bullot n’opposait aucune dénégation à ce qu’elle insinuait.

— Estimez-vous vraiment que M. Saint-Wiff épouserait Annette ?

Madame Bullot eut une moue et répondit paisiblement :

— Elle me paraît bien jeune.

Sylviane respira. Un espoir la soutint. Le sang, de nouveau afflua vers ses joues et elle articula :

— La jeunesse n’effraie pas les hommes.

— Pour un homme comme Luc, qui aime beaucoup les conversations sérieuses et les voyages sérieux, je doute qu’Annette lui agrée, il craindrait qu’elle ne se lassât.

À ce moment, Madame Foubry entra :

— Bonjour, chère Madame. Je te cherchais Sylviane, il va être l’heure de descendre à table. Vous êtes seule, chère Madame ? Vous persistez dans votre résolution de ne pas dîner le soir, avec tout le monde ?

— Oui, cela convient mieux à ma vieillesse.