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crois que je me suis couvert plus grandement de tort.

— Je ne sais pas.

— Essayez de m’éclairer, compatissante Annette.

— J’essaierai.

Annette songeait, mais taisait ce qu’elle pressentait. Elle voyait clair, maintenant, dans la conduite de Sylviane : elle aimait Luc, mais naturellement elle ne pouvait le lui montrer après l’avoir repoussé. Il aurait fallu qu’une circonstance imprévue pût donner accès à ses sentiments sans que sa fierté en souffrît.

— Vous voyez qu’elle ne me regrette pas, poursuivit amèrement Luc ; un détail : J’avais donné des roses à Madame Bullot, cette dernière en a offert à votre amie qui n’a rien eu de plus agréable à trouver que d’en décorer ses soupirants après s’être fleurie soi-même. Est-ce le geste d’une femme délicate ? Il me semble que la moindre chose ayant touché la main de celle que j’aime, me serait précieuse.

Annette s’arrêta de marcher et dit :

— Monsieur, Sylviane n’a pas donné ces roses, toutes celles reçues de Madame Bullot sont restées précieusement dans sa chambre, sauf celle qu’elle portait à sa ceinture ; mais j’ai vu entrer messieurs Balor et Dormont chez la fleuriste et en ressortir avec leurs boutonnières garnies ; ils y sont allés à une heure d’intervalle. Vous savez que notre hôtel est en face, je brodais près de ma fenêtre, et je les ai aperçus.

Les traits de Luc se détendirent et il dit :

— Vous me faites du bien.

Annette comprit quel grand amour Luc vouait à Sylviane.

L’entretien de Luc et d’Annette ne put continuer. La joyeuse bande qui marchait devant se retourna soudain vers eux pour quêter l’approbation d’un changement au programme.

Les deux alliés se joignirent au groupe et ne le quittèrent plus. Ils n’avaient plus rien à se dire en confidence. Luc reprenait espoir, et Annette