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La jeune fille le regardait franchement, dans les yeux, avec une certaine hardiesse.

Mais si Annette s’enhardissait, c’est que la pensée de ses fiançailles lui donnait du courage, sans quoi elle n’eût pas osé se montrer si provocante. Elle voulait arriver à confesser Luc sur Sylviane.

Elle eut soudain l’intuition que le jeune homme se figurait qu’elle plaidait pour son propre compte. Elle rougit violemment et vivement murmura :

— Je vais vous confier un secret que nul ne connaît dans nos relations. Je suis fiancée, et je dois me marier l’an prochain, quand Roger Gervix sortira de l’École Centrale. C’est pourquoi je ne songe pas à regarder les autres jeunes gens.

Luc fut tout heureux de cette confidence, et tout de suite, son attitude changea. Elle devint amicale et fraternelle, et il dit :

— Je suis ravi pour vous, je vous félicite, votre fiancé peut remercier le Ciel, vous serez une brave petite femme.

— Je l’espère, répondit gravement Annette.

Si Luc était soulagé par cet aveu, il regrettait de n’avoir pu continuer l’entretien sur les deux personnages qui l’occupaient. Par eux, il comptait amener la conversation sur Sylviane. Comme c’était aussi le but que se proposait Annette, le fil se renoua facilement.

— Vous voyez, reprit-elle, que ces messieurs ne peuvent risquer de me plaire.

— Il est vrai aussi, posa vivement Luc, qu’ils sont plutôt les chevaliers servants de mademoiselle Foubry.

— Oui, articula lentement Annette, comme si elle voulait faire pénétrer ses paroles dans l’esprit de son compagnon, ils sont fort indiscrets.

— Mademoiselle Foubry n’a pas l’air de s’en plaindre cependant, elle paraît même enchantée.

— Mademoiselle Foubry, répartit encore lentement Annette est une créature d’élite qui ne se plaindra jamais de rien, elle est vouée par sa beauté à supporter tous les hommages, et par sa