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Rendez-vous fut pris pour trois heures après-midi et la bande, composée de quatre jeunes filles, dont Annette était l’aînée, et de trois garçonnets, trépignait en attendant Luc devant la porte de son hôtel.

Au moment où il apparut, salué par cette jeunesse rieuse, Madame Bullot arrivait, donnant le bras à Sylviane. Quand cette dernière aperçut les jeunes filles qui entouraient Luc, elle eut un tressaillement qu’elle essaya de motiver auprès de sa vieille amie qui l’avait senti :

— J’ai buté contre une pierre, expliqua-t-elle, d’une voix rauque.

Madame Bullot ne releva pas ce mensonge ; elle se dit : j’ai vanté tout à l’heure à Luc, la franchise de Sylviane, et il était temps, car maintenant, je sais qu’elle ment, mais très mal, je dois en convenir.

Elles poursuivirent leur chemin et elle demanda :

— Vous n’avez donc pas voulu vous joindre à cette jeunesse, Sylviane ?

La jeune fille eut peine à répondre. Elle en voulait à Annette de lui avoir caché que Luc était de la partie et la pauvre petite eût été bien désolée de ce soupçon, ne sachant pas elle-même que Luc viendrait. Elle eût été au contraire, enchantée de les réunir, elle, dont le rêve était de les marier.

Elle s’en alla joyeuse. Luc marchait avec les collégiens, ravis qu’il voulût bien les prendre au sérieux et s’intéresser à leurs discours.

Au fur et à mesure que le chemin se parcourait, Annette se rapprocha du jeune homme, avec l’intention manifeste d’échanger quelques paroles avec lui.

À force de ruse et de manœuvres, elle finit par être, en sa compagnie, un peu à l’écart des autres.

Saint-Wiff constatait son manège et ses façons changèrent insensiblement.

De cordial et gai qu’il se montrait, il devint