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Il y avait quelques instants que le groupe conversait, quand Luc Saint-Wiff se montra.

Il s’approcha de Madame Foubry qui le pria de s’asseoir près d’eux, mais il déclina son offre.

Il apercevait trois boutons de roses identiques et ne douta pas une minute de la générosité de Sylviane envers ses soupirants. Il savait que Madame Bullot en avait distrait quelques-unes en faveur de ses deux jeunes amies en prétextant :

— Les jeunes filles seront heureuses de les porter. Chez moi, une partie serait perdue. Tu m’as trop gâtée, ma chambre ressemble à une loge d’artiste, je vais me débarrasser chez les voisines. Cela ne te fâche pas ?

Luc avait trouvé naturel ce geste, mais il l’estimait incorrect chez Sylviane. Qu’elle fleurît ces deux sots avec son bien, ne lui agréait nullement, et il jugeait cette attention fort déplacée.

Il la regarda à peine, s’efforçant de paraître indifférent et caustique, se montrant insensible à son charme, alors qu’au-dedans de lui, sa beauté et sa séduction l’émerveillaient de plus en plus.

Il n’y put tenir plus longtemps, et soudain, après un adieu bref, il quitta brusquement le petit cercle. Madame Foubry essaya de lui donner rendez-vous au tennis pour l’après-midi, mais il prétendit qu’il ne jouait pas.

Il salua Sylviane qui lui tendit la main sans un mot.

Luc partait furieux, et il s’en fut droit chez sa tante. Elle lisait, étendue près de sa fenêtre, respirant l’air ensoleillé. Elle ne sortait jamais le matin, mais recevait ses amis avec joie.

— Eh ! bien, Luc, tu parais furieux ?

— Il y a de quoi !

Avant de poursuivre plus avant, le jeune homme promena un regard sur les roses apportées, comme s’il avait voulu les dénombrer.

— Qu’examines-tu avec autant de soin ?

— Vous m’avez dit avoir donné des roses à Mademoiselle Foubry, vous lui en avez porté beaucoup ?

— Mais non, mon ami, une douzaine.