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Malheureusement leurs hôtels n’étaient pas proches, et leurs fenêtres ne se faisaient pas face.

Sylviane n’osait plus s’épancher près de Madame Bullot, après les paroles sèches qu’elle s’était attirées, et elle restait concentrée dans son chagrin, sans quoi elle eût été, elle aussi, frapper à sa porte, et les deux inconsolables se fussent rencontrés.

Pendant que ces personnages s’agitaient, Louis Dormont et son ami, échangeaient des réflexions grises :

— Jamais, Mademoiselle Foubry n’a été aussi belle !

— Quand elle est entrée, j’ai cru qu’on allait se permettre une ovation.

— N’as-tu pas trouvé que quelque temps après sa beauté s’est comme assombrie ?

— Oui, et c’est venu, après avoir dansé ce boston avec toi, lui aurais-tu dit quelque chose de désagréable ?

— Tu plaisantes ! Justement je voulais t’avouer que sa mélancolie a semblé commencer après avoir fox-trotté en ta compagnie ! Je t’accusais même de lui avoir décoché un compliment outré.

Les deux amis se lançaient mutuellement la pierre parce qu’aucun ne voulait convenir que le changement d’humeur de Sylviane s’était manifesté après le départ de Saint-Wiff.

Ils voyaient clairement que la jeune fille avait été émue par l’élégant jeune homme.

Ils avaient conclu cependant, que Luc ne tenait nullement à Sylviane, parce qu’il ne l’avait pas fait danser et qu’il n’était pas resté aussi longtemps qu’elle.

Chacun, en secret, savourait cette défaite de la jeune fille, parce qu’elle augmentait les chances de leur propre réussite.

Quand ils se furent assurés, mutuellement, de leur parfaite innocence, ils changèrent de sujet.

Leur pensée, pourtant, ne quittait pas le souvenir de Sylviane. Francis Balor trouvait toutes les jeunes filles fades auprès d’elle, et il se disait