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La jeune fille crut le découvrir ironique, et Saint-Wiff la jugea heureuse d’être courtisée.

Il se dit, le soir, en se couchant : Je pensais qu’on devait l’entourer, mais je ne croyais pas qu’elle prendrait plaisir à des conversations aussi dépourvues d’intérêt. Elle écoutait, attentive, Dieu me pardonne ! quand ce Dormont lui a dépeint sa manière de dresser un cheval. Ce garçon n’était que grotesque.

Le pauvre Luc à force de justice, devenait injuste, mais l’amour commet de ces erreurs.

Quant, à Sylviane, elle avait parfaitement compris que les deux jeunes gens avaient indisposé Luc, mais elle ne pouvait démêler si ce sentiment était provoqué par la banalité, ou le dépit de les voir près d’elle.

Luc les dépassait de toutes façons : par son élégance, son intelligence et ses manières aisées. Les autres paraissaient de pauvres collégiens sans aucun monde, et leur attitude provoquait maintenant le sourire chez Sylviane.

Seuls, elle les supportait. Comparés, ils n’existaient plus.

La seule personne heureuse dans cette circonstance, était Madame Foubry. Elle rêvait. Ayant surpris quelques regards de Luc attachés sur sa fille, elle en déduisait qu’il en était amoureux et que ce grand voyageur avait enfin trouvé le hâvre dont il ne partirait plus.

Son instinct de mère ne la trompait pas, mais l’innocente femme aurait crié de regret si elle avait soupçonné que Sylviane avait refusé l’amour d’un homme tel que Luc, ou alors, il eut fallu que sa fille en déterminât les raisons convaincantes.

Il y avait encore deux mécontents : Louis Dormont et Francis Balor :

— Tu as vu ce hautain personnage, qui nous a toisés de si belle façon ? dit Francis à Louis.

— Oui, mais c’est de peu d’importance. Tu as remarqué comme il a été médusé par ma façon de dresser les chevaux ?

— Oh ! j’ai l’habitude de ces sortes de grands seigneurs, riposta vivement Francis. J’ai eu des