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trop belle

Le secrétaire était gai, Madame Bullot pleine d’entrain et l’esprit de Sylviane commença à pétiller.

M.  Daniel la regardait.

Au bout d’une heure de travail léger, la vieille dame rejetant les papiers amoncelés devant elle, s’écria :

— Nous allons goûter… Pour le premier jour… le labeur est suffisant…

Le secrétaire se permit de sourire et Madame Bullot l’interpella :

— Vous riez !… je n’ai pas comme vous… l’habitude des paperasses et de l’analyse…

Là-dessus, elle fit chorus avec le mystérieux personnage et sonna le thé.

Sylviane sentait dans l’atmosphère une note inattendue. D’abord, elle trouvait une familiarité inaccoutumée dans les façons de Madame Bullot.

Ce M.  Daniel dont elle n’avait jamais entendu parler lui semblait un être assez étrange, sûr de lui, et plein d’autorité.

Le thé fut apporté et la maîtresse de maison eut le geste d’enlever l’ouate qui entourait ses poignets, mais elle se ravisa à temps et dit :

— Sylviane… voulez-vous être assez aimable pour me suppléer… Offrez-nous le thé…

La jeune fille s’empressa.

— Allons… M.  Daniel… quittez votre air docte… et causons de choses d’actualité…

— À vos ordres, Madame…

Le secrétaire quitta la table sur laquelle il écrivait et se rapprocha du guéridon où le breuvage parfumé était déjà dans les tasses.

Dehors Juin brillait, clair, doré et Madame Bullot, jetant un coup d’œil vers la fenêtre, reprit :

— Je me réjouis de m’installer à Vichy… Quand y partez-vous… Sylviane ?

— Mon père a fixé la date au quinze prochain… il est toujours pressé… vous le savez, Madame… de quitter Paris…

— Vous comprenez cela… vous… M.  Daniel !… jeta Madame Bullot d’un air vif.

— Mais oui… Madame… répondit le secrétaire