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plus vivants. Le bon repas portait déjà ses fruits. Un sang plus chaud paraissait courir dans les veines de la famille et les enfants prenaient l’air espiègle.

L’aîné tenait un violon.

À la vue de Sylviane, les petits avaient crié : merci ! obéissant à une leçon faite par leur mère.

Sylviane les embrassa et le jeune violoniste lui dit :

— Vous êtes très belle, et vous nous avez apporté des bonnes choses, vous aurez le premier morceau que je composerai.

— Ah ! mademoiselle, prononça le père avec émotion, quelles belles heures vous nous donnez ! le monde me paraît changé, et je crois que je pourrai bientôt me lever de cette couche de douleur. Je vais mieux, positivement, il me manquait de la joie, le coup de fouet du travail. Tout cela me vient, grâce à vous.

— Et surtout à ce confrère qui vous a demandé un livret musical.

— Oui, mais j’étais tellement engourdi dans ma gangue de découragement et de souffrances, que je n’aurais pu en sortir sans votre aide. Mais regardons vos compositions.

Ardemment, il feuilleta les pages, déchiffrant les airs, les analysant. Au fur et à mesure qu’il découvrait quelques phrases pouvant convenir, il les passait à Sylviane. Une nouvelle vie jaillissait de ses yeux, dans l’exaltation du travail à perfectionner.

— Quelles belles heures vous nous donnez ! répéta-t-il plein de ferveur.

Sylviane ressentait autant de bonheur que le couple. Elle voyait la jeune femme transformée. Ses beaux yeux se posaient lumineux, sur le visage de son mari et elle suivait anxieusement ses recherches.

— Vous avez joliment travaillé, mademoiselle ! quelle inspiration ! quelle suite dans le labeur, quelle ténacité dans l’effort. Il y a des motifs exquis et qui seront tout à fait dans la note voulue ; ce sera parfait.