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— Trop, ma tante, trop.

— Allons, ne fais pas le difficile, parce que c’est être difficile que de trouver une femme trop bien, cela suppose des restrictions.

— Mais, ma tante, vous avez remarqué combien ces journalistes la mangeaient, des yeux !

— Sylviane a toujours été regardée, ce n’est pas d’aujourd’hui qu’elle est belle.

— Mais c’est d’aujourd’hui que tout le monde le saura !

— Ah ! et hier, il n’y avait sans doute que toi ?

Luc ne put répondre ; Madame Foubry rentrait suivie du colonel et de Sylviane.

— Mon cher Saint-Wiff, s’empressa de dire le père, nous déplorons cette réception si mouvementée ; le succès est lourd à porter en famille. Il devrait rester à la porte.

— Mon colonel, je suis ravi de m’y associer.

Luc se contraignait à être poli ; il mentait effrontément et il pensait : je suis furieux et honteux de déguiser mes sentiments à ce point.

Il se rapprocha de Sylviane qui l’accueillit avec son sourire enchanteur.

L’embarras qui les paralysait légèrement au début de leur entretien s’envola rapidement, et bientôt le jet des confidences et des souvenirs jaillit :

— Comme j’ai été malheureux, Sylviane, lorsque j’ai pressenti que de Blave vous aimait !

— Cela se voyait donc ? Je ne m’en suis pas aperçue et sa demande m’a surprise.

— Vous l’avez refusé spontanément ?

— Sans hésiter, et j’étais si heureuse de vous prouver ainsi que vous m’étiez cher entre tous.

— Ma chérie.

— Il est si doux pour une femme de pouvoir affirmer son choix.

— L’homme ne pense pas à cela. Il distingue une compagne et il est heureux qu’elle veuille l’accepter comme époux. Je voudrais que vous me deviez tout, Sylviane ; le bonheur comme la fortune.

— Cher Luc.