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dain son peu d’empressement, en voyant Sylviane subitement entourée par une foule aimable qui la complimentait, lui adressait les louanges les plus flatteuses et les plus propres à noyer de vanité, la modestie la plus résolue.

Luc se trouva encore une fois à un plan secondaire.

— Ma tante, gronda-t-il m’avez-vous fait revenir pour que je voie que l’on me vole Sylviane ?

Madame Bullot pinçait les lèvres. Elle eut l’intuition de ce que pouvait souffrir un homme épris en se voyant toujours reculé.

La première fois, une erreur l’avait mal servi et maintenant le succès l’éloignait encore de celle qu’il chérissait. Elle eut bonne contenance et riposta :

— Allons, ne sois pas jaloux, tu auras ta femme au coin du feu, il y a beaucoup de soirs dans une vie.

— Oui, si notre foyer n’est pas envahi par la troupe des admirateurs. Quelle drôle d’idée a eue Sylviane !

— Pourquoi n’as-tu pas laissé ton adresse, aussi ! il fallait bien s’occuper en t’attendant, et les femmes intelligentes ne peuvent se distraire qu’à des besognes où participe leur esprit. Il y a longtemps que la tapisserie de Pénélope est terminée !

— Heureux temps où elle était en train !

Ces paroles s’échangeaient tout en suivant la foule qui s’écoulait.

Luc et Madame Bullot rejoignirent les Foubry sur le seuil de l’immeuble et l’on se dirigea vers l’appartement tout proche.

Luc et Sylviane purent de nouveau se parler. La tendresse éclatait dans les regards de Sylviane et Luc en fut ému.

— Je n’ai pu, tout à l’heure, vous complimenter sur votre succès, croyez que j’en suis heureux.

— Laissons cela, interrompit Sylviane, ce qui compte, c’est votre présence.

Ces mots réconfortèrent Luc. Il en sut gré à la jeune fille et lui dit :