Page:Fiel - Trop belle, 1926.djvu/126

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Je ne me doutais de rien… et je pestais parce que vous ne m’écriviez pas !

— Naturellement… ce sont toujours les vieux qui ont tort.

— Et Sylviane… comment prenait-elle le temps ?

— Avec désespoir d’abord… avec plus de calme ensuite… Il faut être philosophe quand on veut se marier… elle a commencé son apprentissage…

— Vous avez la dent dure… ma tante… pour une femme qui aime la musique…

— Je n’aime pas toutes les musiques…

— Ah !… qu’a donc celle-ci de particulier ?

— Tu le verras…

— Vous piquez ma curiosité…

En devisant, la tante et le neveu arrivèrent à la salle du concert et ils gagnèrent les places retenues pour la famille.

Madame Foubry eut un air radieux en voyant Luc et elle se retint pour ne pas s’exclamer tout haut, mais le premier morceau préludait.

Luc fut un peu surpris de ne pas apercevoir Sylviane, et il s’assit, pensif, près de Madame Bullot.

Il ne put se tenir de lui murmurer :

— Où est Sylviane ?

Aucune réponse ne lui parvint :

— Je la croyais au concert… reprit-il.

— Tu la verras… dit cette fois, Madame Bullot.

— Mon Dieu !… va-t-elle jouer ?… souffla Luc, tout apeuré parce qu’il détestait ce genre d’exhibitions…

— Non… s’empressa de répondre Madame Bullot pour le calmer.

À ce moment des « chut » furent lancés vers eux et Luc se tut, intrigué autant qu’impatient.


VIII


— Où donc est Sylviane ?… que fait donc Sylviane ?

Luc ne cessait de répéter ces paroles, et plus il se les redisait, plus le mystère semblait s’épaissir