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retirait le violon de sa boîte, il dit aimablement :

— Votre crâne luit comme un satin, on dirait un morceau de la robe de mariée de maman. Jamais je n’ai vu une tête aussi brillante. Je trouve cela très beau.

Le professeur ne sut pas d’abord ce que Bob voulait dire, mais quand il crut comprendre que ce bonhomme de neuf ans se moquait de lui, sa voix se fit sèche pour prononcer :

— Je vous croyais un jeune garçon bien élevé. Trouvez-vous que ce soit poli de me tourner en dérision ?

— Oh ! monsieur, je voulais vous adresser un compliment gracieux. Ma sœur qui dit toujours la vérité est parfois malhonnête, et c’est pourquoi je ne veux pas être comme elle. Je dis ce que je pense, je trouve très jolie, cette boule qui brille.

Le professeur resta sidéré il regardait son élève avec un effroi assez visible. Il ne démêlait rien à cette vérité et à ce mensonge.

Bob, les yeux calmes, l’archet à la main, s’apprêtait à préluder.

Le maître l’arrêta.

— Mon ami, restons-en là. J’aurais dû vous prévenir lorsque vous êtes entré, que j’avais un rendez-vous urgent. Je suis sûr que vous ne vous plaindrez pas d’avoir une heure de plus de liberté… au revoir, mon jeune ami.

— Au revoir, Monsieur.

Bob partit, l’âme en joie, Cette corvée de