— Eh ! bien, ces mensonges-là, je suis obligée d’en débiter toute la journée, et je trouve que c’est offenser Dieu, qui a eu son idée en créant des gens qui sont bien, et d’autres qui sont plus mal.
— C’est certain… mais il y a l’amabilité.
— Vous avez la même idée que maman, et c’est cette amabilité-là qui est dangereuse. Je voudrais donc vivre comme je l’entends, parler sincèrement et ne pas être tenue à des choses qui me sont insupportables.
Depuis quelques instants, la paysanne contemplait Suzette. Elle lui dit :
— Vous, Mam’zelle, vous êtes une paresseuse, et sans doute, n’aimez-vous pas le travail ?
— Je ne suis nullement une paresseuse ! riposta Suzette interloquée.
— Ce n’est pas une menterie que vous débitez ?
— Puisque je ne mens pas !
— Je me demande pourquoi vous êtes restée à côté de moi, au lieu d’aller vous promener avec vot’papa et vot’maman.
— Je voulais causer avec vous tout en me reposant. Vous êtes une femme simple comme je les aime. À Paris, tout est compliqué, les choses et les gens. Et quand je dis ma façon de penser aux personnes qui me la demandent, elles se fâchent, tellement leur amour-propre est grand.
— Je vois que vous n’êtes pas toujours polie.