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étaient silencieux. Suzette sans sourire, examinait l’invité de son père.

Ce dernier était rassuré et se promettait de féliciter Suzette sur sa bonne tenue.

Après le dîner, l’on passa au salon, et comme le Polonais aimait la musique, il pria Mme Lassonat de lui jouer un morceau. Elle exécuta le plus mélodieux de son répertoire.

Le visiteur, tout heureux qu’on lui eût permis de fumer sa grande pipe, lança à travers un nuage de fumée :

— Vous jouez superbement le piano, bonne Madame Lassonat, la tranche de musique est soignée… les triolles sont délurées. Vous avez là une artiste femme, Monsieur Lassonat.

Bob faillit éclater de rire. Il regarda sa sœur, mais celle-ci supporta cette phrase avec un sérieux de magistrat.

Mme Lassonat remerciait l’invité de ses compliments, contente de lui avoir fait plaisir.

— La musique est une forte chose. Elle fait digérer et elle promène l’âme dans des beaux jardins fleuris.

Mis en gaîté par l’excellent dîner, enchanté de la cordialité de ses hôtes, le Polonais raconta des histoires dont il se divertissait le premier.

Il avait le rire communicatif.

— Je suis plaisant ?

— Très plaisant… vous narrez avec verve, dit gracieusement M. Lassonat.

— Eh ! quand on a vécu longtemps parmi