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Il valait mieux qu’elle menât cette idée sous sa propre responsabilité. D’ailleurs, Suzette savait par expérience que quand on a un projet, il est plus efficace de le mûrir à la chaleur de sa réflexion. Les objections des autres peuvent le glacer avec leurs courants d’air. Par ceux-ci Suzette comprenait tous les avis, conseils et interdictions qu’on ne manquerait pas de lui donner.

Elle pensait que sa mère serait réfractaire à de nouvelles avances de réconciliation, puisque Mme Brabane avait dédaigné excuses, prières et invitations. Mme Lassonat avait même poussé la gentillesse jusqu’à prier Mme Brabane de choisir la punition que méritait Suzette !

Cette complaisance exagérée avait indigné la fillette. Comment, elle aurait supporté un châtiment pour la laideur des deux Brabane ! Elle trouvait que la bonté de sa maman allait trop loin.

Aujourd’hui, cependant, elle s’apercevait qu’il eût mieux valu, supporter une humiliation que de rester brouillés. Elle se rappelait les promesses qu’elle s’était faites. Elle voulait se montrer une bonne jeune fille et accomplir des sacrifices.

Le moment était venu d’en accepter un pour expier son insolence.

Elle irait chez Mme Brabane. Elle procéderait avec diplomatie et remporterait la victoire. Ainsi personne ne lui en voudrait plus.