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— Ciel ! hurla Sidonie qui entrait avec le petit déjeuner, je n’ai pas fini de raccommoder si mam’zelle marche sur ses bas toute la journée.

Suzette fut priée de ne rien transformer aux coutumes établies. On lui demandait simplement de respecter les usages, de ne se mêler de rien et de ne pas parler à tort et à travers.

Quelques heures après ces conseils, elle se trouva seule en face de Bob et lui dit :

— Tu sais, je trouve que la vie est bien difficile.

— Ah ! répliqua Bob avec flegme.

Jamais, il ne s’était appesanti sur cette question. Il réfléchissait rarement à la vie.

— Oui, reprit Suzette, il ne faut pas dire de mensonges et il ne faut pas dire la vérité. Alors ?

— Alors, répliqua Bob, il ne faut pas penser à tout cela.

— Naturellement… tu es un homme et tu ne songes qu’à la nourriture.

— Et toi, tu es une femme, et tu veux toujours parler. Moi, je m’amusais bien avec Paul Brabane, et maintenant, je ne le verrai plus.

Suzette s’avoua que son frère avait raison et, comme elle faisait profusion d’être franche, elle répondit :

— Je suis bien ennuyée que tu aies perdu cet ami. Et, son bon cœur lui fit ajouter :

— Veux-tu que, quand je sortirai avec Justine ou Sidonie, j’aille prévenir Paul que tu ne t’amuses plus sans lui ?