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— Tu ne sortiras pas demain dimanche. Tu n’iras pas chez Huguette, et fais de ton mieux pour qu’on ne t’entende pas de la journée.

— Bien papa. J’irai à la messe et ne sortirai plus.

Suzette s’endormit du sommeil de l’innocence.

Le réveil lui remit en mémoire la scène de la veille et elle se dit qu’il était urgent qu’elle passât inaperçue.

Elle réfléchit donc un peu et ne trouva rien de mieux que d’enfiler ses bas par-dessus ses pantoufles de cuir. Elle eut un peu de mal, mais fut satisfaite du résultat. Elle ne faisait aucun bruit en marchant et glissait, silencieuse comme une ombre.

Elle arriva sans tapage dans la salle à manger où ses parents étaient déjà en compagnie de Bob, pour le premier déjeuner.

— Que veut dire ceci ? lui demanda sa mère. Tu ne te chausses pas ce matin ?

— J’ai mes pantoufles.

— Où cela ? questionna Bob.

— À mes pieds ! riposta Suzette.

— Avance, commanda son père. Je ne vois que tes bas, et bien déformés. Alors, tu mens maintenant ? C’est changé depuis hier ?

Alors Suzette expliqua posément, que pour obéir à son père, donc ne pas se faire entendre, elle avait enfilé ses bas par-dessus ses pantoufles.