Page:Fiel - Suzette et la vérité, 1933.pdf/188

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Faites ce que vous voudrez.

— Madame peut avoir confiance en moi.

Madame s’en retourna à la recherche de Suzette.

— De quoi t’es-tu mêlée encore ? Tu ne pouvais pas laisser Justine en paix ?

— Je n’ai pas commencé. Justine s’est excitée sur cette limace et me l’a servie encore une fois ce matin, dès qu’elle m’a vue.

— Tu es insupportable.

— Oui, maman.

— Nous serons bientôt plus isolés que sur un îlot, nos amis, nos domestiques, tout le monde nous abandonne à cause de toi.

— Justine a rendu son tablier ?

— Non… mais elle en a profité pour ne pas nous donner un rôti de veau. Que va dire ton père ?

— Je le ferai le rôti de veau.

— Toi ! ce sera du joli !

— J’ai cuit le dernier. Tu étais chez ta couturière et Justine recevait une parente… elle l’a confié à Sidonie qui l’a oublié. Alors, j’ai regardé dans le livre de cuisine et je me suis lancée. Sidonie était dans la lingerie et ne s’est aperçue de rien, et quand Justine est descendue de sa chambre, le rôti était à point. J’ose ajouter que vous l’avez trouvé particulièrement réussi.

Mme Lassonat, les yeux écarquillés, regardait