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justice… la limace rampait sur mon assiette.

— C’te pauvre bête n’aimait pas le vinaigre !

— Sans doute.

Suzette ne craignant rien, alla au-devant des récriminations de Justine. Elle se dirigea vers l’office, et dès qu’elle fut en présence de la cuisinière, cette dernière lui dit :

— Alors, Mam’zelle, j’ai eu beau vous gâter dans votre petite enfance, vous ne me passez même pas une pauvre petite limace ?

— Mon Dieu ! Justine, changeons de rôles. Je suis la cuisinière et vous êtes Madame. Vous avez confiance dans la préparation de la cuisine, et vous apercevez sur votre œuf dur, un beau ver qui s’y promène.

— Pouah !

— Vous diriez, pouah !

— Ça a été plus fort que moi.

— C’est naturel. Vous appelleriez donc votre cuisinière et vous lui recommanderiez de prendre plus de soin de ses plats.

— Un ver est plus sale qu’une limace.

— Cela dépend des personnes qui les trouvent.

— Je ne dis pas… mais je suis propre et pour une fois que cela m’arrive.

— Non. Justine… j’ai trouvé du charbon dans les carottes, un morceau de fer dans les épinards, un bout de ficelle dans le cresson, et un crin de brosse dans les haricots. Alors, ma fille, je tiens cette collection à votre disposition, avec les dates.