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c’est qu’elle les trouve laids, moi aussi d’ailleurs, et nous ne sommes pas les seules.

En attribuant ce jugement à d’autres, Suzette croyait fermement adoucir la rigueur de ses déclarations.

Avant qu’une protestation s’élevât du cœur de Mme Lassonat en faveur de son amie, la mère des deux laiderons s’évanouissait sur son siège, troublée dans sa digestion par tant d’horreur.

Son mari s’élança, tandis que ses enfants l’entouraient en sanglotant, ce qui ne contribuait pas à les embellir.

Mme Lassonat était trop absorbée par les soins à donner à son invitée pour manifester sa colère, mais elle avait assez de pensée lucide pour chercher quelle punition exemplaire, elle infligerait à sa fille.

M. Lassonat ordonna à Suzette de sortir, et elle obéit sans répliquer.

La cuisinière Justine l’entendit qui traversait le vestibule pour rentrer dans sa chambre. Elle s’élança hors de son domaine, et saisissant le bras de sa jeune maîtresse, elle lui dit d’une voix amortie :

— Venez un peu par ici, ma jeune mamzelle !

Suzette avait le courage de son opinion et elle se laissa conduire par le cordon bleu transformé en furie.

— Alors, vous avez osé dire comme ça, que je frottais mon beurre avec de la soude pour le rendre propre ?