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au fond de moi, et je suis obligée de me faire des remontrances pour le paraître.

— Si tu n’es pas modeste, tu es brave.

— Peut-être mais j’ai pourtant été désespérée quand je me suis vue dans cette maison. Si ces hommes, m’y avaient oubliée !

— Tais-toi, j’en frissonne d’épouvante !

— Heureusement, j’avais un petit sou ancien, percé, porte-bonheur. Je le conserverai toute ma vie, bien qu’il soit un peu tordu.

Deux jours passèrent durant lesquels, Suzette se montra fort diligente auprès de sa cousine. Elle lui faisait la lecture et écrivait des lettres sous sa dictée.

Les domestiques étaient maintenant pleins de vénérations pour la petite demoiselle qui avait su si bien employer son temps.

Claire disait :

— Elle peut me dire des vérités… je la croirai et je ne me moquerai plus d’elle.

À quoi Virginie ajoutait :

— Je la savais futée, mais pas à ce point-là ! ah ! les enfants d’aujourd’hui ! quand je pense à la bêtise de mes onze ans ! Il est vrai que je n’habitais pas la ville et les enfants de ville, chacun le sait, sont en avance sur ceux des campagnes.

Ainsi Suzette était louangée.

Elle ne pensait cependant, plus trop à cet important événement. Ce qui l’intéressait sur-