Page:Fiel - Suzette et la vérité, 1933.pdf/125

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Vous racontez des mensonges à Suzette.

Profitant de ce que Virginie était totalement pétrifiée, Suzette prit la parole :

— J’ai répété à cousine l’entretien que nous avons eu toutes les deux.

— Alors, je comprends, murmura Virginie, j’avais dit à Mademoiselle de bien réfléchir.

— Ma pauvre Virginie, on ne peut laisser de tels abus avoir lieu. Il faut être franc, tout le monde y gagnera. Je ne veux pas mentir. C’est indigne d’une personne intelligente.

La maîtresse et la domestique se regardèrent quelque peu interloquées. Puis, l’humeur fantasque de Mlle Duboul apparut avec son imprévu et la gaie demoiselle éclata de rire.

— Virginie, nous allons nous trouver à dure école… nous n’avons qu’à bien nous tenir. Quand le vieux M. Trodeau viendra, pourvu que Suzette ne dénombre pas ses fausses beautés, qui se composent d’un œil de verre, d’une perruque, d’une moustache teinte, etc.

Et Mlle Duboul continua de rire gaîment.

Suzette en fut soulagée, et, égayée à son tour, elle répliqua :

— Du moment que M. Trodeau ne mentira pas, je ne lui parlerai pas de sa perruque. Ah ! s’il me disait : j’ai de beaux cheveux… je lui demanderais l’adresse de son marchand pour lui faire honte.

Comme Suzette débitait ces choses sérieusement Mlle Duboul se reprit à rire.