Page:Fiel - Suzette et la vérité, 1933.pdf/109

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Je ne sais plus où j’en suis, ayez pitié de moi, Mesdames ! Allez-vous-en.

Justine entraîna ses deux compagnes en leur disant :

— Laissez Madame, vous comprenez qu’elle a de la peine.

— Il y a de quoi, appuya la concierge, c’est une pauvre mère qui aura du mal avec son galopin. A-t-on idée de s’attraper à une travailleuse qui n’a que son métier pour avoir de la satisfaction ? il faut se défendre, tout de même !

Sidonie dit sentencieusement :

— Les enfants sont terribles, Mame Loge.

— Oh ! oui, ceux d’aujourd’hui, ajouta la cuisinière… De notre temps, on était poli avec le monde, et doux et pis tout. Mais à c’t’heure !

— Ça, c’est du vrai. Moi, quand je faisais la mauvaise tête, j’étais giflée, je vous l’assure ! et pourtant, Mam’zelle Justine, quel mal que je faisais ? De la fenêtre de la loge où que maman était concierge, je lançais un peu d’eau sur les passants, oh ! mais, moins que rien… eh ! bien ! quand ma mère me surprenait, quel raffût !

— C’est-y Dieu possible, Mame Loge.

— C’est comme je vous le raconte. Ah ! les parents étaient sévères, aussi on était bien élevé. Ainsi un jour que j’avais fait un pied de nez à un locataire, j’ai été au pain sec.

— Ah ! s’effara Justine.

— Oui, c’est comme ça ! Vous voyez que