— Y a pas mieux ; mais j’ vous dérange, il se fait tard, vous avez du travail…
— Pas du tout, restez encore un peu…
— C’est que je commence à être un peu pressée…
— Vot’ départ, c’est pour quand ?
— Dans un mois, peut-être.
— Oh ! déjà ?
— Je ne me plais plus dans cette maison de drame. Toujours la police et les questions, comme si je pouvais savoir quelque chose ! Moi, j’ dormais s’ pas ? Alors, qu’est-ce que je peux raconter ?
— C’est vrai…
— Y m’ presseraient comme un citron, qu’il ne sortirait rien de ma tête. Je ne sais rien…
— Je vous regretterai, Mam’zelle Julie ; j’avais pas d’amie ici, et je me suis attachée à vous.
— On se retrouvera…
Julie s’en alla, non sans avoir invité Prudence à revenir la voir chez M. Rembrecomme. Ce que promit la cuisinière avec élan.
Quand elle put s’entretenir avec Mme Dilaret, elle lui fit de nouvelles confidences.
— C’te Mam’zelle Julie est chanceuse.
— Qui est Julie ?
— La cuisinière de M. Rembrecomme. Elle a sa rente, et elle va se retirer à la campagne avec sa sœur.
— Tiens ! aujourd’hui, vous trouvez que c’est une chance, alors que je vous ai offert la même chose, il y a quelques jours.
— Je ne dis pas non, mais je n’ai pas de sœur. Ah ! j’en aurais une, ce serait différent : on peut bavarder ; si l’une est malade, l’autre la soigne : mais seule, avec qui voulez-vous qu’on cause ? Je ne suis pourtant pas une femme à commérages, mais encore faut-il que ma langue se dérouille. Ah ! les parents ne