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CHAPITRE V


Prudence, pendant quelques jours, fut sous le coup de son échec. Elle essayait de dévorer cette déconvenue en silence, mais cela lui coûtait beaucoup de peine. Elle était découragée par les douze cents lettres reçues par M. Rembrecomme et se disait qu’elle ne pourrait jamais lutter contre tous ces chercheurs.

Sur ces entrefaites, Julie vint la voir. Son air était toujours aussi niais, et Prudence l’appréciait parce qu’elle la dominait. Elle espérait aussi apprendre quels étaient les visiteurs de ses patrons, quelles idées elle se faisait sur le crime, si l’enquête prenait une tournure décisive. Toutes ces questions intéressaient Prudence au plus haut degré, car si elle affirmait tout haut qu’elle ne se mêlerait plus de cette affaire, elle espérait encore, par devers soi, parvenir à un résultat.

— Alors, Mam’zelle Julie, tout va comme vous voulez ?

— À peu près, mais je vieillis.

— Voulez-vous vous taire ! J’ vous trouve plus jeune qu’il y a quinze jours.

— Tant mieux, tant mieux… Mais je songe à me retirer ; j’ai une sœur et à nous deux nous avons un petit bien, et pour soigner nos poules et nos lapins faudra encore tenir sur nos jambes. Ma sœur m’appelle et j’irai bientôt la rejoindre.

— Vous en avez une chance !