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prudence rocaleux

à travers un rêve. Cependant, les derniers mots la replacèrent en pleine réalité, et elle s’écria :

— J’ai fait mon devoir ! la police n’aurait rien pu contre moi ! Il n’aurait plus manqué que ça ! Je perds 100 000 francs, et j’aurais été emprisonnée ? Non ! non ! Monsieur, ça n’est pas possible !

— Vous voyez ce qui vous reste à faire, bonne Prudence ; il faut vous taire. Si Apollon connaissait votre démarche, il pourrait porter plainte. Il vous assignerait devant le tribunal pour diffamation. Ce n’est pas peu de choses d’accuser un homme d’avoir commis un crime. Estimez-vous donc heureuse que je vous donne de bons conseils, au lieu de prendre le parti de mon valet de chambre devant la police.

M. Rembrecomme disait ces choses sévèrement, afin de condamner Prudence au silence. Il découvrait en elle un penchant néfaste au bavardage et à l’exagération. Il frappait donc fort, afin de l’empêcher de colporter des bêtises.

Prudence baissait la tête et paraissait repentante. Le jeune homme ajouta :

— Je sais que mes conseils sont peu de chose à côté de la somme que vous rêviez d’obtenir… Je me repens d’ailleurs de l’avoir promise, non pour l’argent, mais pour la quantité de lettres qui me parviennent.

— Ah ! put articuler Prudence qui parut se réveiller, y a donc d’autres gens qui cherchent ?

— Ma pauvre femme ! vous vous croyiez donc la seule ? Quelle illusion ! J’ai déjà reçu 1 256 lettres qui me fournissent le nom de l’assassin…

Prudence faillit s’évanouir. Une sueur froide l’envahit et elle bégaya :