— Alors, qui me gagnera mes 100 000 fr. ?
— Vous ne gagnerez rien du tout.
— Voire ! Je sais que cet homme est coupable, ce n’est pas la couleur de ses cheveux que j’ai dans ma boîte à café…
— Ah ! taisez-vous !
— C’est vrai, je ne pensais plus aux nausées de Madame… Où que j’étais ? Oui, c’est pas ses cheveux, mais c’est lui. Il a des yeux de masque, une bouche de crocodile, un nez comme une trompe et, certainement, tout ça crie l’assassin. Il a dû tuer pour voler, ce qui est pire que tout.
— Allez dans votre cuisine, Prudence, et laissez cette histoire. Vous me rendez malade avec vos suppositions stupides…
— Voilà la vie ! On est une malheureuse, on fait tout pour le bien et on est rudoyée… Ah ! si je pouvais déjà me voir dans ma petite baraque au milieu d’un jardin !
— Écoutez, Prudence, j’ai une petite maison que je loue en Auvergne. Le bail va être terminé et je vous y conduirai. Vous y serez bien tranquille… et moi aussi ! ne put s’empêcher d’ajouter Mme Dilaret avec vivacité.
— C’est-y que Madame me renvoie ?
— Non, je vous procure simplement ce que vous souhaitez avoir…
— Ça c’est une réponse de femme distinguée, mais je ne suis plus assez jeune pour m’y laisser prendre… Que Madame me dise cette belle phrase ou qu’elle me crie : « Allez-vous-en ! », cela revient au même pour moi : je ne serai plus chez Madame…
Cette fois, Mme Dilaret admira l’esprit déductif de la domestique. Alors que sa pensée s’appesantissait sur cette difficulté, Prudence continua :
— Et moi, mon cœur me défend d’accepter ; d’abord, ma cuisine convient à la mai-