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CHAPITRE IV


— C’est sûr que c’est lui, marmottait Prudence, tout en frottant son argenterie. Madame fait semblant de ne pas le croire, parce que ces bourgeois ça a peur de tout ; mais dans le fond, elle pense comme moi. Elle sait que j’ai raison. Son juge de mari sera bien ahuri quand il me saura plus fûtée que la police. Il faut que je voie cet homme-là. Je vais bien regarder les cheveux que j’ai là.

Prudence fouilla dans un tiroir. Elle ne les trouva pas. Elle explora toutes les cachettes possibles, de plus en plus nerveusement, sans aucun résultat.

— Pourtant, je suis certaine de les avoir mis là, dans ce coin… Peut-être que j’ai voulu les ranger mieux, et que je ne me rappelle plus où ? Ça arrive des fois qu’on veut mieux faire, et que c’est plus mal.

Elle poursuivit ses recherches, et soudain se frappa le front en disant :

— Faut-il que cette affaire me tourmente ! Ces cheveux, je les ai cachés dans ma boîte à café ! Comme j’en mouds tous les jours, je ne les perds pas de vue.

Et, soulagée, elle attrapa sur une étagère le récipient contenant le café. Les cheveux y étaient dans leur papier. Elle déplia au-dessus de la boîte ouverte et contempla longuement sa pièce à conviction.