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prudence rocaleux

Le brave homme confondait les fonctions, ne voyant que l’ensemble.

Prudence ne se sentait plus de fierté. Elle grimpa l’escalier avec une agilité juvénile et sonna l’étage indiqué.

Tous ses gestes ayant été exécutés sans réflexion, elle ne sut que dire à la domestique qui lui ouvrit.

Celle-ci la regarda non sans méfiance, et lui demanda d’un ton bourru :

— Que désirez-vous ?

Prudence avala un peu de salive, parce que sa gorge était bien sèche. Il fallait jouer une carte intelligente, afin que la porte ne se refermât pas devant elle. Durant un moment, elle subit une angoisse extrême. Il lui semblait que des gouttes de transpiration per laient à son front.

Enfin, elle put articuler sans trembler :

— J’ai absolument besoin de voir M. Rembrecomme.

La servante la dévisagea une seconde sans parler ; puis, estimant sans doute que son air sérieux ne comportait nulle plaisanterie, elle l’introduisit dans le vestibule.

Le seuil franchi et la porte refermée, Prudence respira. Cependant, elle allait se trouver devant le maître de la maison.

Que lui dirait-elle ?

Ah ! qu’il fallait de ressources dans l’esprit pour gagner 100 000 francs !

Troublée par son inquiétude, elle arriva comme dans un rêve devant M. Rembrecomme.

— Bonjour, Madame ; asseyez-vous, je vous prie… Vous avez demandé à me voir, pour quel motif ?

— Ah ! Monsieur…

Ici, un temps d’arrêt s’imposait, pour reprendre une respiration qui s’enfuyait ; puis