Page:Fiel - Prudence Rocaleux, 1945.pdf/38

Cette page a été validée par deux contributeurs.
40
prudence rocaleux

augure : la rencontre d’un cheval blanc, les pavés pairs devant une porte, une pelure d’orange du côté zeste…

Elle alla directement chez l’épicier. Elle y resta une demi-heure, laissant passer les clientes afin de s’attarder.

À son grand ennui, la jolie blonde ne vint pas. Elle fut tout de même contrainte de s’en aller. Son regard se promena aux alentours quand elle aperçut soudain, devant un kiosque de journaux, l’inconnue de la veille.

Son sang bourdonna à ses oreilles, tellement l’émotion la secoua. Cependant, elle s’approcha de la jeune fille et osa l’aborder :

— Mademoiselle, voulez-vous me laisser vous dire un mot ?

— Qu’est-ce qu’il vous faut encore ?

— Je vous fais mes excuses…

Prudence devenait toute humilité.

La jeune fille la regardait curieusement.

— J’ai des communications importantes à vous révéler…

— Quoi donc ?

— Asseyons-nous sur ce banc, là-bas, on y sera mieux pour causer…

— Je veux bien… mais allez vite !

Le ton était péremptoire, mais Prudence vit là un indice sûr d’une éducation hors ligne, entre des parents puissants et des domestiques dociles.

Cette personne possédait l’art du commandement, et on voyait qu’elle vivait dans un milieu omnipotent. C’est ce que Prudence déduisit.

— Voilà la nouvelle, Mademoiselle : Un jeune monsieur qui vous a vue a décidé de vous épouser…

— Non ? interrompit l’intéressée.

— C’est comme je vous le dis.

— Ah ! c’ que c’est chic !