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prudence rocaleux

— Enfin, faudra oublier tout ce grabuge… Heureusement, y m’ reste une amie, Mlle Parate, et comme c’est la tante d’un agent de police, je suppose qu’elle n’a tué personne et que je pourrai la fréquenter. Puis, Monsieur me placera mon argent en viager, et quand Madame aura assez de moi, elle me congédiera.

— N’y pensons pas !

— Je veux dire par là que je n’aurai plus peur de mourir de faim. Puis, d’ici là, M’sieu Jacques et sa petite dame auront des enfants que j’irai garder…

Jacques entra à ce moment et s’écria en entendant ces derniers mots :

— Ah ! mais non… pour que vous les laissiez prendre par une voleuse !

— On ne me les volera pas ceux-là ! J’ai déjà réfléchi à un bon moyen… Je les attacherai à ma ceinture par une bonne corde et, s’il vient une voleuse, elle sera forcée de me traîner avec ! et j’ suis un poids…

— Je suis rassuré et vous avez notre confiance, dit Jacques en riant.

— J’ suis contente… dans un débordement de joie… pourtant v’là l’automne qui vient et il me semble que c’est un printemps ! J’ vois bleu ! Puis, quand je pense que je pourrai m’acheter un manteau de fourrure et un chapeau à plume… j’éclate de satisfaction… Eudoxie est dans un état qui touche à la jaunisse… Mais j’ suis raisonnable, je me satisfais en rêve et n’irai pas dépenser mon bel argent… Mais, me v’là tombée encore une fois dans la bavarderie… Que Madame m’excuse… Nous disons donc que pour le déjeuner de demain, nous faisons un rôti de bœuf… si j’en trouve…


1945-778. — Imprimerie « Maison de la Bonne Presse » (St. An.), 5, rue Bayard, Paris 8E.
DÉPÔT LÉGAL : 1946-1er