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prudence rocaleux

d’un revolver… Ces peurs criées, je les entendais et, le matin, avec mon sourire, j’accusais le bourgogne, le bordeaux et cet innocent cassis de me donner des cauchemars ! Va te faire lan laire !… C’étaient ces monstres qui me détraquaient.

— Ma pauvre Prudence…

— Alors, tout ça n’est pas clair, tout en l’étant beaucoup quand on comprend… J’ suis un peu gênée d’aller dénoncer ces femmes, parce que j’ai été reçue chez elles ; mais je ne peux pas laisser un crime pareil impuni, ce serait un trop gros péché… Puis, je pourrais passer comme complice ! et ça en serait une affaire !… Enfin, il y a les 100 000 francs de prime… Il faut que je pense à mes vieux jours…

— Vous avez, en effet, une masse de raisons pour prévenir la justice…

Les faits paraissaient graves à Mme Dilaret et, maintenant, elle trouvait l’accusation justifiée. Si réellement cette femme vivait dans cette hantise continuelle, il devenait évident que sa conscience la tourmentait.

Prudence poursuivit :

— Je vais aller au commissariat et je demanderai à parler à M. Parate, le neveu de la dame si résignée… Il me donnera certainement un bon conseil…

— Attendez, Prudence… Il faut d’abord expliquer ces choses à Monsieur… Je suis sûre qu’il saura vous donner un avis aussi bon que celui de l’agent Parate…

— Madame a raison… J’ veux bien, et ce sera peut-être mieux, vu que Monsieur ne me demandera sans doute pas de pourboire pour une leçon de dénonciation…

Mme Dilaret eut sur les lèvres une protestation sur la façon dont Prudence s’expri-