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prudence rocaleux

il a été convenu que vous ne feriez aucune dépense.

— C’est bon… c’est bon…

L’étonnement de Prudence se prolongeait parce qu’elle ne pouvait établir nulle différence entre les deux sœurs. Même visage, même son de voix et presque les mêmes gestes.

Elle répéta :

— Ah ! ben… si je m’attendais…

Venant au-devant d’elles, mais encore à quelques mètres, elle aperçut soudain une autre Justine…

C’était Julie.

— Oh ! Julie, s’écria Prudence, il me semble que je deviens folle ! Vous ne m’aviez pas dit que vous ressembliez à votre sœur.

— Nous sommes jumelles, repartit Julie.

— Je ne sais si je pourrai vous distinguer ; mais tant pis ! je ferai de mon mieux !

Les deux sœurs, par malice, s’étaient vêtues identiquement, ce qui plongeait Prudence dans un grand embarras.

Elle marchait entre ses deux compagnes et les regardait alternativement. Sa surprise allait croissant, et un tel trouble s’emparait d’elle, qu’il lui semblait impossible d’établir une différence entre ces deux jumelles. Cependant, elle savait que Julie devait être à sa droite… Mais leur accent était tellement semblable, leurs gestes également, que la pauvre Prudence perdait un peu de son assurance.

Elle regretta presque d’être venue…

Julie dit soudain :

— Voici notre maison…

— Oh ! oh ! s’exclama Prudence, figée par l’admiration.

C’était une bâtisse claire, avec un étage. Une grille, au long de laquelle des rosiers crimson rumbler donnaient leur ultime flo-