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CHAPITRE IX


À mi-chemin, Prudence rencontra Julie…

— Bonjour, ma bonne Julie ! On supprime le mam’zelle, n’est-ce pas, Julie ?

— Non… on dit « bonjour, Justine », répliqua celle qui arrivait.

Ayant peur d’être la proie d’une hallucination, d’un trouble de la vue ou de l’ouïe, ou de quelque rêve maléfique, Prudence reprit :

— Vous vous appelez Justine dans vot’ pays ?

— Non… elle s’appelle toujours Julie, mais moi, je suis Justine…

Prudence laissa choir sa mallette et bégaya :

— Qui ça, Justine ?

— Sa sœur…

L’épouvante qui enserrait Prudence se détendit, et elle dit d’une voix plus ferme :

— Ah ! ben… si je m’attendais à ça !… Vot’ sœur m’a caché que vous étiez jumelles et que vous vous ressembliez aussi fort… Ça, c’est une surprise ! J’ai bien cru que j’avais perdu mon bon sens ; c’est pas des coups à faire à une voyageuse !…

— On a voulu s’amuser un peu !

— Elle n’est pas malade, vot’ jumelle ?

— Non… elle prépare un dessert pour vous bien recevoir…

— Oh ! y n’ faut pas qu’elle fasse des frais ! ça me gênerait… Nous sommes en guerre, et