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prudence rocaleux

c’était une malpolie qui faisait les yeux doux à des garnements et qui disait des gros mots, même à sa mère !

— Je comprends votre indignation…

— Mais, c’est pas tout ça !… Où qu’elle va à la Messe Mam’zelle Janine ?

— Je ne le sais pas encore…

— Je suis sûre que quand je l’y verrai je n’aurai que de bonnes choses à lire sur sa figure…

Ce sujet clos, Prudence retourna dans sa cuisine et y trouva Eudoxie qui rentrait, après avoir effectué ses courses.

— Ah ! voilà not’ Eudoxie… Avez-vous bien pu vous débrouiller pour vos achats ? Nous avons encore des restes d’hier, et cependant tout not’ monde a bien mangé… J’vas accommoder tous ces reliefs et nous ne mourrons pas encore de faim… Faut se préparer pour la famine, c’est-à-dire qu’il faut être solide pour la supporter si elle vient…

— Vous avez raison, Prudence.

— Vous n’avez rien appris de nouveau ?

— On recause encore de l’assassin de M. Rembrecomme. Il y a un homme qu’on a arrêté…

— Ah ! murmura Prudence, toute pâle.

Elle n’aimait pas qu’on lui parlât de ce meurtrier, bien qu’elle fût persuadée qu’elle ne le découvrirait jamais. Elle voulait que l’affaire fût enterrée parce qu’elle avait subi un échec qui lui était fort sensible.

Elle croyait si fermement à ce gain !

Eudoxie, ignorante des pensées que sa compagne entretenait à cet égard, poursuivit tranquillement son récit.

— Oui, il rôdait devant l’immeuble de celui qu’il avait tué, comme font tous les assassins, c’est connu ! Il regardait les fenêtres, il examinait la porte. Un agent l’a