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prudence rocaleux

qui voulaient attraper les 100 000 francs !… C’est une personne…

— Arrêtez-vous, Prudence. Cette jeune fille est charmante… Elle venait quelquefois chez son cousin germain, presque son frère, pour l’aider un peu, c’est vrai, à classer sa volumineuse correspondance, mais surtout pour parler de Jacques. M. Rembrecomme a un ami qui est aussi celui de mon fils, et ma future belle-fille se renseignait ainsi sur celui qu’elle aimait et qu’elle rencontrait chez des amis communs. D’ailleurs, vous verrez ici, un de ces soirs, M. Rembrecomme avec les camarades de mon fils. Vous voyez que vous n’aviez pas besoin de casser des assiettes pour cela !

Prudence se trouvait un peu confuse. Elle pensait qu’elle aurait dû retenir sa langue, mais, en son âme, elle croyait bien faire.

— Je n’ai plus qu’à m’excuser près de Madame… Je ne suis pas encore habituée au genre moderne, et cette petite demoiselle, ce matin-là, me semblait un peu gravure de mode… Jupe courte, cheveux bouclés, rouge à lèvres, rose aux joues… tout cela me paraissait extraordinaire… De mon temps, les jeunes filles étaient plus simples… Puis, il y avait les travailleuses comme moi qui ne pensaient pas à se vêtir comme les demoiselles… Aujourd’hui, toutes les femmes ont les mêmes toilettes… Mais il y a une manière de les distinguer…

— Ah ! et laquelle ?

— Madame ne le sait pas ? Eh bien ! à leur « parler ». Ainsi, je connais une petite, aussi bien attifée que notre mignonne future, mais quand je lui ai « causé », j’ai tout de suite vu que ce n’était que de la crotte…

— Oh ! Prudence !

— Oui, Madame, je le maintiens, vu que