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prudence rocaleux

tera. Et puis, si je tâte de la pluie à la campagne, cela ne sera pas un mal… Je la verrai sous tous ses aspects…

— Je suis désolé, Prudence, de retarder votre voyage.

— Ah ! ben… rentrez votre désolation ! Je ne pourrais pas tenir en place » si je savais vot’ fiancée, dînant ici, sans que j’y soye. Non, il me serait impossible de supporter ça… Ce matin, quand je me suis levée, quéque chose me disait que je ne partirais pas et, cependant, cette idée ne me causait pas de chagrin. Cela me paraissait même un peu étonnant… Maintenant, je comprends ! Vous alliez m’annoncer vot’ bonheur et cela me rendait gaie… Elle est gentille vot’ fiancée ? C’est-y celle que vous avez rencontrée dans la rue ?

— Oh ! pas du tout… s’écria Jacques en riant, car il se souvenait de cette histoire burlesque.

D’ailleurs, si Prudence lui en parlait, c’était un peu pour se moquer de lui.

— Comment est-elle vot’ petite demoiselle ?

— C’est une blonde charmante… Elle a des yeux bleus, un joli front et un menton avec des fossettes… Je l’aime, c’est-à-dire que je la trouve parfaite…

— Vous êtes un heureux homme !

Jacques se sauva en riant. C’était un homme heureux en effet, et sa chère fiancée représentait l’univers pour lui. Il l’avait rencontrée chez de bons amis et leur accord s’était précipité. Les familles se convenaient, les intéressés s’attiraient. Mme Dilaret était dans la joie parce que sa future belle-fille lui plaisait sur tous les points.

Quand elle sut que Jacques avait annoncé ses fiançailles à Prudence, elle alla, elle aussi, vers la cuisine, pour recueillir les impressions de son originale cuisinière.