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PRUDENCE ROCALEUX

— Oh ! une douce ! qui sait beaucoup de choses… Elle regarde le soleil, elle aime le Rhône, et elle vénère cette sainte qui est son modèle.

— C’est splendide !… Vous ne m’avez pas encore appris le nom de cette sainte ?

— C’est celle qui a fondé une maison de spectacle…

— De spectacle ! Vous êtes bien sûre de ne pas vous tromper ?

— Je l’affirme à Madame ! mais si Madame ne me croit pas, je me résignerai…

— Ne vous fâchez pas, Prudence, je ne demande qu’à être éclairée…

— On revient avec de bonnes idées, et v’là comme on est reçue ! Comment peut-on devenir une sainte, si on vous met la colère aux lèvres tout de suite ! Madame n’avait vraiment pas besoin de m’apporter ces quenelles de malheur, c’est de leur faute tout ça !

— Calmez-vous, Prudence, et réfléchissez à ce que vous m’avez dit : fonder une maison de spectacle, c’est organiser un théâtre, parce qu’on y représente des spectacles… Comprenez-vous ?

Le visage de la domestique s’épanouit en un rire.

— Ah ! ah !… je me suis trompée de mot !

— Oui, et je l’ai deviné ce mot : fondatrice du Cénacle.

— Madame y est !

— Ce n’était pas la peine de vous fâcher.

— Ah ! avoir de l’instruction est une belle chose ! on gagne du temps.

L’allégresse reparut en Prudence, et elle continua le récit de son après-midi :

— C’te dame est comme il faut… c’est la tante d’un agent de police. Elle m’a invitée à venir la voir, en me disant que cela me ferait du bien. Je ne crois pas que je fasse une