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prudence rocaleux

— Eh ben ! je lui souhaite de repérer sa beauté…

— C’est pas pour dire, mais dans la vie, on a beaucoup de choses à retrouver !

— C’est la vérité… Ah ! maintenant, j’ vas faire not’ café… et il ne s’agit pas de le rater…

— Je vais avec vous…

Les deux femmes réintégrèrent l’office et devisèrent encore tout en dégustant leur goûter.

Prudence, malgré l’excellent arôme qui se dégageait de sa tasse, restait préoccupée. Elle était désolée de la désinvolture que Julie avait eue pour lui dire que « M’sieu Jacques » se moquait d’elle. Or, être prise pour une sotte par Julie lui paraissait le comble de la honte. La pauvre fille lui semblait si déshéritée au point de vue de l’intelligence, qu’elle souffrait affreusement dans son amour-propre. Mais, en savourant ce bon café au lait et le délicieux « pain de Gênes », elle ne pouvait guère lui reprocher cette intempérance de langue.

Quant à l’autre pensée qui l’absorbait, c’était celle de l’assassinat. Elle ne concevait pas qu’un homme eût été assez malin pour ne pas laisser une marque de son passage. Il n’avait pu entrer comme un être invisible… ? Quel mystère !

C’était vraiment dommage que l’on ne pût arriver à une solution. Maintenant, Prudence en oubliait presque la prime… Le mystère seul la hantait.

Enfin, elle se débarrassa de ce souci en songeant qu’il fallait s’occuper de la nourriture qu’on avalait, sans quoi la digestion risquait d’être troublée. Elle poursuivit donc une conversation à bâtons rompus, essayant de fixer son esprit sur des puérilités. Puis, elle se leva pour partir.