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PRUDENCE ROCALEUX

— Oh ! si vite que ça ?…

— Eh ! donc, à force de chanter qu’on part, la date arrive.

— C’est pourtant vrai.

Les deux femmes étaient assises dans l’office. Soudain, Julie se leva de son siège et proposa :

— Si nous allions dans le petit salon ? Nous y serons mieux dans des fauteuils…

— Et vot’ monsieur ?

— Il passe la journée dehors… Il ne reviendra pas dîner… Il est à Francheville, et le valet de chambre et sa femme sont chez des amis à la Croix-Rousse…

— Et sa petite cousine… toujours secrétaire ?

— Oui…

— Et les lettres de ceux qui ont trouvé l’assassin… toujours des flottes ?

— Toujours…

— Et il n’est pas encore en prison ce malin-là ?

— Vous pouvez le dire que c’est un malin ! Je ne sais pas comment il a pu manigancer son affaire… J’en suis malade de leurs questions… Pourtant, je dois convenir que cela commence par chômer un peu…

— Ça vous repose.

Tout en parlant les deux commères s’installaient dans de confortables fauteuils. Prudence admirait le mobilier et l’évaluait comme un expert.

— Ça doit coûter chaud ! Quelle bêtise de dépenser tant d’argent pour des tableaux ou des bonshommes de bronze ou en ivoire… Vous n’aimeriez pas mieux un bon phonographe ?

— Ma foi ! oui, c’est plus riant.

— Les fauteuils, je comprends encore.