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prudence rocaleux

mière fois que j’y vais, je cueille une mèche de cheveux ! C’est travailler ça ?

— Prudence, je sens quelque chose qui brûle sur votre fourneau…

— Seigneur, j’y avais mis des abricots !

Et elle disparut comme si elle avait eu des ailes.

Mme Dilaret eut un geste de délivrance. Sa domestique la fatiguait quelque peu, et elle se disait que ce serait avec joie qu’elle lui octroierait les quelques jours de vacances qu’elle sollicitait.

Elle n’était nullement mécontente de son service, mais elle découvrait dans son caractère un tel mélange de ruse et de rusticité, qu’elle le définissait à grand’peine. Ces huit jours de paix lui feraient oublier ses défauts, et elle espérait qu’elle regretterait ses qualités.

Ce qui la soulageait aussi, c’était de savoir que la recherche de l’assassin ne l’occupait plus autant.

Son effort n’ayant pas abouti, Prudence se repliait sur son échec. Mme Dilaret ne s’en plaignait pas. Elle craignait tellement quelque histoire malencontreuse qui eût placé son mari dans une situation délicate !

Quant à la cousine du jeune Rembrecomme, elle n’en prenait nul souci. Elle souriait des déductions de Prudence qui ne pouvait admettre que l’on pût être une jeune fille comme il faut, tout en suivant quelques erreurs du modernisme. Mme Dilaret connaissait beaucoup de ces modèles qui paraissaient évaporés, et qui n’en étaient pas moins des âmes fort sérieuses et bien dévouées à l’occasion. Elle savait que la plupart d’entre elles s’occupaient d’œuvres et ne craignaient pas de visiter les nécessiteux, de ranger la chambre