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chaque cahot de la voiture. Mon front, moite maintenant, Je tremblement qui m’agitait, me transformaient en une malheureuse épave.

Au mont Cavalier, je quittai la voiture pour gravir la colline. Ce joli chemin, qui habituellement me paraissait délicieux, fut mon calvaire. Ni l’ombrage, ni les oiseaux ne purent retenir mon esprit qui s’appesantissait sur l’unique pensée : j’allais briser ma vie entière.

Mais pourquoi récriminer ? Ma décision était voulue.

J’arrivai au but de ma route et j’appréhendais de voir là, déjà le neveu Galiret. Je ne le distinguai pas parmi les curieux.

Mes yeux parcoururent alors la vue que j’avais admirée tant de fois. De légères enflammes de gaze, sous la forme de nuages voguaient dans le ciel.

J’eusse voulu devenir une averse pour mouiller jusqu’à la noyade mon futur mari. À l’horizon, je contemplais la ligne vaporeuse que l’on dit être la mer, où j’aurais voulu fuir à jamais. Le soleil brillait sur la plaine de Nîmes, d’où émergeaient les clochers. C’était un émerveillement, autant pour la vision que pour l’esprit, parce que tout un passé vous envahissait de fierté.

Mais, plus que la fierté, la tristesse m’encerclait, une tristesse si profonde que je perdais conscience de ce qui se passait autour de moi.

Aussi, ce fut en sursautant que j’entendis une voix murmurer à mon oreille :

— Vous tenez votre parole, Mademoiselle c’est bien.