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choisie peut plaire par certains côtés impossibles à définir.

Je m’embrouillais dans mes explications, ce qui fit dire à maman :

— Où veux-tu en venir ?

Elle riait en me posant cette question, à laquelle je ne pus répondre.

— Sois plus gaie, reprit-elle.

Comme c’était commode ! Je ripostai pourtant :

— Je serai gaie plus tard, quand ma joie aura eu le temps de s’infiltrer en moi.

Quelle énergie il me fallait pour débiter ces phrases que je décrochais avec peine de mon cerveau fatigué ! Je m’assimilais à un arbre emporté par un cyclone, je me croyais une martyre vouée au supplice. J’étais une esclave enchaînée par un maître brutal. J’évoquais les situations les plus lamentables, et je me trouvais toujours au-dessous de la vérité.

Le lendemain, ce fut plus atroce encore.

La date inexorable se rapprochait avec une rapidité effrayante. Maintenant, il me semblait qu’une avalanche monstrueuse allait venir sur moi. Je ne la voyais pas blanche, mais noire comme un ciel d’orage, et je me disais : « Si seulement c’était vrai et qu’elle pût m’engloutir ! » Oui, j’en étais là, à demander la mort, à appeler le cataclysme qui m’enlèverait à ce sort.

À mesure que le jour s’écoulait, je prenais la résolution de manquer de parole au neveu Galiret. Mes yeux s’ouvraient tout à coup sur ma sottise. Je n’étais pas forcée d’obéir aux injonctions de ces vampires.

Un grand allégement me vint, alors que j’ac-