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tâche d’annoncer mes fiançailles après l’un d’eux.

Depuis ma promenade, je songeais à Robert, à qui j’attribuais toutes les qualités, alors que le neveu Galiret me semblait comblé de tous les défauts.

Je croyais aussi m’écrouler de désespoir en songeant que je pourrais faire honneur à mes parents en leur apprenant que l’ancien camarade de Léo voulait bien de moi pour femme. Ils eussent été si flattés !

Ce samedi, le repas du soir nous réunit. Pourquoi, vers le milieu du dîner, mon frère Léo interrogea-t-il papa avec sollicitude :

— Et cet entrepreneur Galiret, que devient-il ?

— Il m’ennuie, répliqua notre père vivement.

Ce fut comme s’il était heureux de s’épancher.

— Il conserve toujours de la rancune ?

— Toujours, et ridiculement. Il m’a fait soumettre un rapport sur un de nos travaux en cours, où les critiques fort inutiles abondent. Cela n’a pas d’importance pour l’ensemble de l’œuvre, mais cela crée des discussions qui empoisonnent la vie et suscitent l’ironie des ouvriers, parce que Galiret va sur les chantiers pour exciter les hommes. Je sens que c’est une cabale contre moi. On ne peut rien contre cette malveillance, et il faut laisser couler cette amertume jusqu’à ce que le flot en soit tari.

J’écoutais ces paroles avec un frisson.