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, j’étais enflammée d’ardeur à l’idée de mon héroïsme.

Le lendemain et les jours suivants, je n’avais plus le même courage. Je jugeais que le temps glissait d’une façon vertigineuse, et j’aurais voulu suspendre son cours. L’échéance se précipitait au-devant de moi et j’avais la sensation de voir un torrent dévalant à grands flots vers ma personne.

Mon agitation ne me laissait aucun répit. Je ne pouvais rester en repos et j’étonnais maman par la fébrilité de mes gestes et par le besoin d’air que je manifestais sans arrêt.

— Tu n’as pas de commissions à me donner, maman ?

— Non… Tu veux encore sortir ?

— Oui, en ce moment, j’étouffe dans la maison… J’ai des fourmis dans les jambes, je voudrais danser, peut-être même boxer.

Que ces plaisanteries me coûtaient ! Mais il fallait bien cacher mon jeu.

Par éclairs, dans l’intensité de mon désespoir, j’étais résolue à refuser nettement la prétention du neveu Galiret. Tout me devenait indifférent hors ce mariage imposé, mais soudain ce que je croyais de mon devoir se présentait à mes yeux, et de nouveau j’étais prête pour l’immolation.

Aucun mot n’était assez significatif, ni assez pompeux pour qualifier le destin qui m’était réservé.

Je regrettais que Léo fût fiancé. Il me semblait que j’aurais pu lui raconter ma terrible position, mais je constatais qu’il n’était plus du tout au présent.