Page:Fiel - Mon erreur, paru dans La Croix du 22 mai au 14 juillet 1949.djvu/59

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Il se décida :

— Celle que j’ai choisie ne correspond peut-être pas au rêve que vous avez formé pour moi, mais elle me plaît, et je ne puis envisager le mariage avec une autre… Son nom est Berthe Durand.

Nous nous étions donc trompés, Vincent et moi, notre frère n’avait pas encore fait part de ses projets, et la discussion que j’avais entendue se limitait sans doute à une question de métier.

Maman s’écria :

— La fille du concierge Durand ?

— Elle-même.

— Ce sont d’honnêtes gens, dit papa.

Il y eut un silence. Vincent, qui fumait une cigarette avec la force d’une machine à vapeur, regardait nos parents. Maman avait une moue de déception et papa restait songeur.

Maman reprit enfin :

— Ce mariage ne nous fera pas beaucoup d’honneur, bien que cette jeune fille ait une réputation parfaite.

— N’est-ce pas l’essentiel ? prononça Léo.

— Où l’as-tu connue ? demanda papa.

— Chez mon ami Lorbel. Sa mère réunit les jeunes filles qui chantent dans les chœurs à la cathédrale. Elle a remarqué la voix de Berthe Durand. Elle s’y est intéressée et lui donne quelques leçons. Il faut croire que cette voix m’a particulièrement ému, puisque je me suis épris de celle qui la possédait…

Il y eut encore un silence, puis maman murmura :

Mme  Lorbel a été bien imprudente…

— Pourquoi ?