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circonstances à ma famille. Je ne songeais qu’à la situation de mon père et aux moyens de le libérer de cet ennemi. Une fille doit se montrer héroïque pour sauver un père qui a toute son affection. J’évoquai papa, le front clair, se livrant avec joie à ses problèmes quotidiens.

Ces réflexions me furent suggérées en quelques secondes. Mon parti fut pris après un encouragement mental, au cours duquel j’offris ce sacrifice à mes parents, tout en invoquant l’aide de Dieu. J’estimais qu’ils auraient déjà une épreuve au-dessus de leurs forces avec le mariage de Léo.

Je dis à mon tortionnaire :

— Monsieur, ne voyez pas dans mes paroles une animosité systématique. Il m’est permis d’être bouleversée en entendant des propos qui me sont exprimés pour la première fois. Je suppose que vous paroles sont le prélude d’une demande en mariage… Veuillez croire que j’y suis sensible, mais je voudrais un sursis pour y répondre.

Je remarquai que le visage du jeune homme se détendait dans un sourire triomphant. Je l’eusse aimé, que mon cœur eût été attendri par la joie que je donnais, mais, décidément, je ne me découvrais qu’une antipathie grandissante pour ce bellâtre qui m’acculait à une solution qui m’outrageait.

Mon esprit oscillait dans un dilemme désespéré : ou épouser cet homme et assurer la paix de mon père ou le repousser et appeler sur la tête des miens une masse de calamités.