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Je pensais qu’il était peut-être parent de Berthe Durand et qu’il voulait me demander d’intercéder en faveur de cette jeune fille.

Ce fut tout autre chose.

— Sans doute ignorez-vous, Mademoiselle, que Monsieur votre père s’est créé un ennemi dans la personne de mon oncle ?

— Seigneur ! murmurai-je en serrant mes mains crispées l’une contre l’autre.

Je n’osais plus regarder cet homme, tellement je craignais qu’il devinât l’horreur que je ressentais.

Il continua :

— Mon oncle est très vindicatif. Il emploiera tous les moyens pour nuire à votre père, parce qu’il ne lui pardonnera pas de lui avoir fait manquer une affaire.

Je criai :

— Un fonctionnaire n’a pas le droit de recevoir un pot de vin, et votre oncle en a offert un à mon père !

— Ah ! vous êtes au courant, souligna-t-il, sardonique.

Je baissai les paupières. J’étais folle d’épouvante. Alors que je croyais avoir conquis un peu de paix, le souci venait me rattraper dans ce beau jardin.

Je murmurai faiblement :

— Pourquoi me parlez-vous de ces choses ?

Le jeune homme me regarda fixement, et je détestai l’expression de son regard. Mon imagination me fit croire qu’il voulait fasciner un pigeon. Il dit lentement :

— Je cherche à tempérer la rancune de mon oncle…